PARIS / Juin 2004

1er Congrès européen
du Toucher-massage®

"Experts, auteurs, masseurs, formateurs, des spécialistes communiquent..."

Présentation

Le Toucher-massage fête en 2004 ses vingt ans, vingt années de réalisation dans tous les domaines. Des milliers de personnes avaient été sensibilisées, formées et appliquaient cette technique dans différents cadres professionnels.

L’IFJS s’est alors mobilisé pour créer une manifestation dont le but était de faire le point sur cette pratique, de favoriser la rencontre de praticiens confirmés, de néophytes, de professionnels du soin.

Le Toucher-massage fête en 2004 ses vingt ans, vingt années de réalisation dans tous les domaines. Des milliers de personnes avaient été sensibilisées, formées et appliquaient cette technique dans différents cadres professionnels.

L’IFJS s’est alors mobilisé pour créer une manifestation dont le but était de faire le point sur cette pratique, de favoriser la rencontre de praticiens confirmés, de néophytes, de professionnels du soin.

Nous voulions rassembler autour d’un rêve qui ne ressemblait plus à une utopie : faire entrer le Toucher-massage dans les moeurs de notre société, dans les pratiques thérapeutiques, enraciner le Toucher-massage dans le domaine du soin, au final se réassurer sur les valeurs que nous défendons et prendre confiance face aux différentes résistances encore tenaces en ce début des années 2000.

Merci à tous, soignants, médecins, acteurs sociaux et autres professionnels qui encouragent cette pratique et qui en ont saisi toute l’importance.

Conférences

Ouverture du Congrès

Avec Gilbert Gasparutto, cadre de santé, auteur et directeur d’ouvrages professionnels. 

Près de 350 personnes se sont massées dans l’auditorium de l’hôpital des Diaconesses à Paris (XIIe) pour assister à ce premier Congrès européen du Toucher-massage. Une première, et une assistance record, en effet les organisateurs ont été contraints de refuser, la mort dans âme, de nombreuses inscriptions. Dans la salle, une majorité de soignants, mais aussi des personnes venues de tous horizons.

« Le chemin parcouru en vingt ans est énorme ! » déclare Gilbert en ouvrant l’événement à la tribune. Il faut souligner que les soignants et le grand public d’abord méfiants sont passés ensuite à une adhésion enthousiaste et décomplexée. Evolution aussi chez les patients qui apprécient de plus en plus cette technique de détente et de bien-être et qui le font savoir.

Et, mettant les choses au point, G.G. fait brièvement allusion aux « empêcheurs » de « danser en rond » ces pros du soin qui restent « figés dans des comportements rétrogrades et décrètent encore au 21e siècle que pour toucher autrui il fallait un diplôme dûment estampillé ». La salle a identifié, ces « pros et leur syndicat » et réagit d’aise. « Comme si on pouvait proclamer un monopole ! », lance alors un congressiste. « Le toucher serait-il un sens interdit ? », s’exclame Joël Savatofski.

20 ans, le Toucher-massage®

Avec Juliette Grollimund, consultante en communication, praticienne et formatrice Toucher-massage.

Un travail titanesque ! Ainsi pourrait-on résumer l’intervention de Juliette qui offre une nouvelle grille de lecture de cette pratique car c’est la première étude sérieuse menée et rendue publique sur le Toucher-massage.

« Vingt ans d’existence, de formations, d’expériences de terrain, des dizaines de milliers de personnes ont été concernées, à travers une kyrielle d’opérations grand public (autoroutes, métro, chambre des députés, Téléthon, grands magasins…), de formations, de stages ; un engouement croissant pour le Toucher-massage et le massage minute ».

Cette pratique se révèle « indispensable et utile » à une grande majorité de gens.

Pour les femmes, le Toucher-massage est associé à « un plaisir-douceur » et chez les hommes, on parle plutôt de « remise en forme ». L’exposé de Juliette révèle que : « le toucher va humaniser le rôle du soignant et faire une ouverture dans la lutte de la douleur ou la gestion des cas difficiles ».

La juste distance et l’expérience du contact

Avec Pascal Prayez, Docteur en psychologie clinique et formateur, ex-Masseur-kinésithérapeute, auteur de plusieurs publications dont « Le toucher en Psychothérapie », co-auteur du « Toucher apprivoisé » et de « Distance professionnelle et qualité du soin ».

Dans un brillant exposé, ce Docteur en psychologie relève les contradictions d’un système de santé partagé entre une exigence de qualité, d’humanité et un souci de rentabilité et de rapidité.

« On nous dit en substance : Soyez plus humain mais soyez aussi plus rapide ! ». Dès lors, la distance juste se trouve donc quand on est réellement au contact de l’autre et reconnaître la dimension affective devient alors un élément clé de la professionnalisation du soin. « La juste distance ce n’est pas être distant, elle ne coupe pas d’autrui, elle construit un lien de qualité tout en ouvrant un espace de jeu et de créativité ».

Toucher-massage en néo-natalité et pédiatrie

Avec Luce Condamine, Docteur en Médecine, spécialiste en Pédiatrie, Docteur en Sciences (Physiologie du développement), formatrice Toucher-massage, professeur de Taiji Quan, auteur.

Avec une douceur ineffable dans la voix, Luce nous explique que le bébé est un « être de communication » pour qui le toucher revêt une place primordiale.

Aux Etats-Unis, une étude a démontré chez les prématurés massés une augmentation jusqu’à 40% de leur poids ainsi qu’une croissance de leur densité osseuse. A l’hôpital Saint Vincent de Paul dans lequel elle exerçait, Luce regrette que les résultats des séances de Toucher-massage pratiquées n’aient pu être publiés faute de données chiffrées mais un constat s’impose : la douceur dans les gestes est augmentée, la relation parents-enfants est privilégiée et grâce aux massages pratiqués entre collègues, le personnel soignant a réussi à forger un véritable esprit d’équipe.

 

Ethnologie, sociologie du toucher

Avec Florence Vinit, Docteur en sociologie, psychologue (Dess), auteur et conférencière.

Retour sur les références ethnologiques et sociologiques du toucher pour aborder la problématique de son retour au sein de notre médecine occidentale. 

« Le mot toucher renvoie à une idée d’emprise et à un imaginaire affectif, on parle des mains qui guérissent alors que l’éthique médicale est prisonnière de l’expertise avec une judiciarisation de la relation soignant/soigné ». Pour Florence, le toucher est toujours auréolé de soupçon car notre culture reste marquée par l’esprit judéo-chrétien avec une inflation du discours sur un « corps objet » et paradoxalement on manque de référence sur « un corps plaisir ».

Résultat : « Dans une culture médicale qui privilégie le regard et la psychanalyse, on dispose peu de référent culturel pour penser le rôle bénéfique du toucher ! ». Le Toucher-massage peut dès lors redonner au soin sa jambe manquante car la médecine se révèle parfois « hémiplégique ».

Le Toucher-massage et les personnes âgées

Avec Ruth Rapin, infirmière-enseignante à la Haute Ecole Cantonale Vaudoise de la Santé (Lausanne), formatrice et praticienne en Toucher-massage.

Aspects essentiels d’une étude clinique exploratoire menée sur les effets du Toucher-massage aux résidents âgés de trois institutions d’hébergement entre 2001-2002.

« Une gageure et un défi ! » selon cette femme qui a formé 13 soignants volontaires pour effectuer cette pratique durant trois mois et ceci afin de démontrer l’efficacité du Toucher-massage en direction des personnes âgées. Si 66% des personnes ont avoué en retirer un effet positif, ce chiffre est passé à 90% au fil du temps. Pour Ruth : « le Toucher-massage contribue à une meilleure qualité de vie au sein des institutions et les soignants le qualifient d’expérience forte au contenu riche ».

Le lever idyllique

Avec Elisabeth Forest, formatrice en Toucher-massage. 

Par des gestes aisés à pratiquer, très efficaces, Elisabeth Forest montre comment détendre, rassurer, préparer dans les meilleures conditions les personnes âgées à un lever agréable.

Elisabeth a mis au point bon nombre de techniques et de gestes essentiels pendant quinze années de pratique du Toucher-massage, notamment dans le cadre de sa pratique d’aide soignante.

D’emblée, elle demande des volontaires dans la salle pour effectuer une série de démonstrations sur table. Avec son avant bras, la main prend contact sous la nuque : « Allez-y, faites la même chose ! », lance-t-elle en direction de la salle.

Dans le public, on joue le jeu. Dans les travées, chacun va masser son voisin pendant une grande partie de l’intervention jusqu’à ce que Elisabeth (Babeth) conclue sa démonstration en montrant comment « chauffer » avec les paumes (qui glissent et s’arrondissent) l’articulation des genoux. Le lever idyllique a séduit le public et bon nombre de soignants sont tombés d’accord pour se donner le temps de pratiquer ces gestes à la fois simples, immédiatement efficaces et essentiels.

Douleur chez l’enfant

Avec Agnès Pasturel, infirmière, praticienne et formatrice Toucher-massage.

L’intérêt du Toucher-massage pour aider le soignant dans la prise en charge de la douleur de l’enfant.

Pour cette infirmière, il est nécessaire d’installer une relation d’aide car le Toucher-massage met l’enfant en confiance et développe l’empathie chez le soignant. « Evaluer la douleur chez l’enfant c’est questionner, observer, tester, toucher-masser pour mieux appréhender ! ». Selon Agnès Pasturel, le soignant peut ainsi accéder à la douleur de fond pour mieux la traiter : « Le Toucher-massage permet au soignant de différencier la douleur de l’inconfort en particulier chez le nouveau-né ». Cette pratique se veut un temps d’écoute et d’échange avec le corps de l’enfant et elle offre un nouveau moyen de communiquer avec lui.

Apport du bain relaxant et du Toucher-massage dans la prise en charge de la personne âgée hospitalisée

Avec Véronique Darées, gériatre, responsable équipe mobile « douleurs et soins palliatifs » AP-HP.

Présentation des résultats d’un étude montrant les effets positifs induits par l’utilisation du Toucher-massage et du bain relaxant.

459 personnes ont bénéficié de ce soin en 2002. Sur 534 patients hospitalisés à l’hôpital René Muret-Bigottini, 83 d’entre eux étaient sous traitement morphinique au long cours. Le Docteur Darées précise :

  • Diminution du nombre de doses supplémentaires d’antalgiques.
  • Amélioration notable du sommeil.
  • Transformations physiques (visages plus détendus).
  • Relations de confiance avec le personnel soignant.

A noter que ces effets positifs persistent sur plusieurs jours et dans l’institution, cette thérapie du mieux-être représente un bienfait certain. « Des plages horaires ont été aménagées pour que le personnel puisse bénéficier des massages minutes. C’est Jocelyne Vallié qui s’en est chargée ».

Toucher-massage et fin de vie

Avec Marie-Jeanne Dien, Cadre Supérieur Infirmier, membre du comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé.

Une grande simplicité et beaucoup d’humanité chez Marie-Jeanne quand elle évoque son expérience du Toucher-massage auprès de malades en fin de vie, mais également au bénéfice des soignants.

« Face à un patient qui souffre, il ne se reconnaît plus, il est douloureux, irritable et inconfortable, le soignant doit établir un climat de confiance et de compréhension ». Elle émeut tout l’auditorium quand elle raconte l’arrivée dans son service sous escorte de « cosmonautes »  d’un patient sidéen « intouchable » et qui ensuite, pleurait en confessant qu’on ne l’avait jamais touché comme cela au cours de ses précédents séjours hospitaliers. Elle fait sourire l’auditoire quand elle précise que tout son personnel, de l’aide soignante au médecin chef en passant par la cadre et la secrétaire ont suivi la formation au Toucher-massage sauf… la kiné (qui, sous entendu, en avait le plus besoin!). « Le massage favorise l’endormissement mais aussi la confidence notamment le soir quand la nuit s’installe et que montent les angoisses ». Pour Marie-Jeanne, les soignants ont également besoin d’un soutien. Pour cela, dans son service, elle organisait des groupes de paroles et les agents hospitaliers pratiquaient le massage entre eux.

Prendre soin de soi… pour mieux prendre soin des autres

Avec Françoise Boissières, infirmière, formatrice Toucher-massage, gestion du stress et relation d’aide, auteur de “Les soignants face au stress”.

Respecter ses valeurs, oser prendre du temps pour soi, offrir des instants privilégiés à l’autre, être affirmé dans son rôle « d’aidant », c’est possible, grâce au Toucher-massage.

« Si je prends le temps de poser ma main sur l’épaule de la personne avant sa toilette, c’est du temps de gagné ! » déclare d’emblée Françoise. Bien sûr, on s’expose aux critiques de ses collègues mais malgré cela « l’important est d’être dans ce que l’on fait ». Françoise Boissières, spécialiste du « burn out » insiste sur cet étirement du temps qui est au centre de sa réflexion dans la pratique du Toucher-massage : « Faire attention à soi pour faire attention à l’autre ! ». Le soignant s’affirme dès lors dans son rôle « d’aidant », et Joël de lui confisquer la parole pour préciser que la pratique du Toucher-massage est « une re-création, un temps privilégié que le soignant doit s’accorder pour lui même, et naturellement c’est tout bénéfice pour le patient ».

« Si le « praticien » n’est pas en confiance, le geste est mécanique, codifié, distancié. » Alors, Joël Savatofski ranime la salle et nous fait la démonstration concrète : comment à tout moment se relâcher. Le truc : E.X.P.I.R.E.R. Puis, il nous parle des « pauses massages » qui se mettent en place ci et là, notamment à l’hôpital, animées par les soignants eux mêmes, un cadeau offert à l’ensemble du personnel. « Il y a quelques années on n’acceptait même pas l’idée qu’on puisse ainsi se « tripoter » entre collègues. Aujourd’hui des formation spécifiques nous sont demandées. »

Le massage : évolution de la situation juridique en France

Avec Maître Isabelle Robard, Docteur en droit, DESS en droit de la santé, Auteur de « Médecines conventionnelles et droit ».

Nous sommes tous en infraction !

Indéniablement, Isabelle Robard maîtrise parfaitement son sujet. Elle rappelle que le massage appartient au patrimoine de l’humanité et non à une seule profession qui en revendiquerait l’exclusivité. La salle réagit et Maître Robard poursuit son exposé : « Le Parlement européen et l’OMS reconnaissent avec la Loi du 4 mars 2002 en France un droit aux patients et usagers de recourir à toute forme de protection de la santé ! ». Il faut se garder de faire des amalgames car tous les kinés ne prétendent pas détenir un monopole sur l’exercice du massage. Pour Maître Robard , conclusion logique : « Plus on exagère le monopole plus on discrédite la profession de masseur-kinésithérapeute ! ».

Selon elle, on pourrait ainsi poursuivre les coiffeurs, les podologues, les esthéticiennes, les psychothérapeutes, les sages femmes, les soigneurs sportifs, les pratiquants de yoga, et même les mères de famille qui massent leur enfant, etc. « Nous sommes tous en infraction ! » dit-elle avec un large sourire.

Des pieds et des mains

Danse massage avec Irène De Luce et Sophie Jolly.

Chorégraphie de Janine Bharucha, danseuse et formatrice Toucher-massage.

Table ronde avec les intervenants

Régine Clément, Cadre supérieure à l’hôpital Necker à Paris.

« J’ai connu Joël Savatofski  lors de la grève des infirmières en 1988 et il participait à un débat à la télé  « canal santé », c’était le déclic et j’ai transformé mon approche du soin… Puis en 1995 à Lariboisière, j’ai fait former 14 soignants qui voulaient donner du sens à leur travail en chirurgie cardiaque… Quand on est motivé, on a une forme d’audace » dit-elle malicieusement.

Question à Ruth Rapin

« Quel regard votre pays, la Suisse, porte-t-elle sur la pratique du Toucher-massage ? » La loi cantonale suisse dispose qu’un soignant peut, à son initiative, effectuer des soins d’hygiène et de confort et il est possible d’ouvrir librement un cabinet de massage.

Jocelyne Vallie, Aide-soignante, praticienne de bien-être à Paris.

Jocelyne ne tarit pas d’éloge sur le Toucher-massage : « C’est un soin thérapeutique innovant dont l’impact est incroyable ». Deux ans de formation à l’IFJS, ses yeux pétillent quand elle évoque cette pratique alliée au bain thérapeutique au sein de l’hôpital René Muret. Cette battante a réussi à susciter la curiosité des médecins de l’établissement et certains ont même suivi une formation. Pour cette praticienne de bien être comme elle aime à se définir, « C’est aussi une prise en charge psychologique des patients et même le personnel peut en bénéficier ». Que du bonheur en somme !

Régine Jean, cadre de santé unité mobile de soutien et de soins palliatifs au CHU de Montpellier.

« Il faut redescendre dans la réalité du contact pour être présent à ce que l’on fait, se poser et surtout réfléchir ». Pour donner plus de sens au soin, car être touché ne va pas de soi, elle prône l’expérience, la formation et « une subtilité relationnelle » et parle du Toucher-massage comme d’un instant de recentrage pour le soignant. Mais Régine Jean met en garde : « Le toucher ne doit pas être utilisé dans un souci de productivité par les entreprises de santé publique ».

Chantal Balloy, kinésithérapeute à l’hôpital de Haudourdin près de Lille.

Chantal confesse que beaucoup de ses confrères se sont enfermés dans un surcroit de technicité et massent si peu. Au congrès, elle rayonne car  « j’ai appris plein de choses ».

Dominique Schwaederle, cadre infirmier psychiatrique à Molsheim en Alsace.

« Ce congrès est l’occasion de rencontrer un tas de gens différents et de confronter une somme d’expériences sur un même thème transversal ». Cet aficionado du Toucher-massage confesse que sa hiérarchie a enfin une oreille attentive envers cette pratique. « Il y a un réveil des consciences et il est nécessaire d’informer autour de soi car le toucher-massage fait partie intégrante du soin ». Cet infirmier psy déclare pratiquer cet art au quotidien.

Stéphanie Verlhiac, infirmière et sapeur-pompier volontaire à Brive.

« J’ai toujours aimé masser les autres », proclame fièrement cette jeune femme de 29 ans qui a quitté le milieu hospitalier où elle exerçait comme infirmière car : « On a voulu me mettre dans un moule et on m’a même reproché d’être trop près des patients ! ». Dès lors, elle décide de se former au Toucher-massage. « Je me régale car je le pratique aussi à la caserne avec mes collègues pompiers ». Il lui arrive de masser des accidentés de la route y compris lors des désincarcérations, «  en attendant on leur masse les mains ».