PARIS / Juin 2006

2e Congrès européen
du Toucher-massage®

"L’impact du toucher dans les soins"

Présentation

Pas moins de 260 personnes s’étaient inscrites pour ce deuxième Congrès Européen du Toucher-massage. Après le succès rencontré en 2004, les organisateurs avaient toutes les raisons de se réjouir avant cette deuxième édition qui est désormais une biennale, un rendez-vous incontournable.

C’est tout un mode de vie et une philosophie de cette pratique qui reçoivent de loin en loin un véritable assentiment populaire et un réel engouement professionnel qui fait tache d’huile puisque de nombreux corps de métiers sont représentés ici. Il y a bien sur un grand nombre de soignants mais aussi des enseignants, des cadres et des employés.

Le Toucher-massage et son initiateur Joël Savatofski entendent fédérer les meilleures initiatives et rassembler les bonnes volontés autour d’un rêve qui est loin de ressembler à une utopie : celui de faire entrer le Toucher-massage dans les moeurs et  les pratiques thérapeutiques quotidiennes de notre société.

Conférences

Ouverture du Congrès

Avec Gilbert Gasparutto, cadre de santé, auteur et directeur d’ouvrages professionnels. 

C’est à nouveau à Gilbert Gasparutto que revient l’honneur d’introduire ce deuxième Congrès devant un public nombreux massé dans le grand auditorium de l’hôpital des Diaconesses à Paris (XIIe).

« Il s’agit en quelque sorte de boucler la boucle après 20 années de pratiques du Toucher-massage dans la continuité, l’ouverture et enfin la légitimité ! ». Continuité, car l’objectif affiché consiste à faire rencontrer ici des praticiens venus de tous les horizons et d’enraciner le Toucher-massage dans le monde des soins. Ouverture assurément, eu égard aux pratiques innovantes qui se multiplient çà et là et parce que le Toucher-massage est d’abord une philosophie de vie, plus qu’un ensemble de techniques à proprement parler. Légitimité enfin, car pour Gilbert: « Le temps des inquiétudes juridiques est révolu et les derniers doutes sont levés car le massage est entré dans les moeurs et c’est un outil universel pour le plus grand bénéfice de tous ! ».

Il est vrai que les mentalités ont plus rapidement évolué que le conformisme et le repli de certaines communautés médicales qui ont tendance à se lover dans leur corporatisme douillet mais sclérosant. Aujourd’hui, nous sommes au XXIe siècle et les méthodes non médicalisées font peu à peu leurs preuves et suscitent aussi une large adhésion du public. Espérons que les politiques seront à l’écoute des initiatives citoyennes en matière de santé publique et pourront un instant oublier d’obéir aux désirs des lobbies médicaux de tout poil.

Evaluation de l’impact du toucher dans les soins

Avec Joëlle Gorrand, infirmière, formatrice en Toucher-massage, co-responsable du projet. 

A la tribune, Joëlle Gorrand présente une expérience pilote plutôt rare en milieu hospitalier.

Il s’agit d’un PHRC. Traduction : un projet hospitalier de recherche clinique ayant trait au Toucher-massage. L’étude a porté sur 800 patients des centres hospitaliers de Clermont-Ferrand, Ambert, Issoire et Riom. L’objectif affiché était d’évaluer la douleur chez ces patients avant de consigner sur des fiches d’évaluation les zones massées et les ressentis.

Les résultats démontrent une tendance très nette à la diminution de l’état d’anxiété chez ces bénéficiaires du Toucher-massage. Certains évoquent un grand confort et la chaleur qui émane de cette pratique. A une question dans la salle sur le type de massages dispensés, Joëlle Gorrand répond : « On a massé des zones comme les mains, le visage avec des glissés et des pressions sans durée déterminée ». En tout état de cause, l’expérience démontre que le toucher apporte un réconfort immédiat en milieu hospitalier mais est-il besoin encore de le démontrer surtout lorsqu’on sait que cette pratique du massage existe depuis la nuit des temps et peut être même l’aube de l’humanité !

L’utilisation du toucher dans le cadre de la prévention de la douleur induite par les soins quotidiens à la personne âgée dépendante

Avec Evelyne Malaquin Pavan, cadre expert infirmier, spécialiste clinique.

Au cours d’un exposé technique et très documenté, Evelyne Malaquin Pavan défend l’intentionnalité soignante par le toucher de la personne souffrante.

Pour elle : «  En gériatrie, tout peut faire mal et n’importe quand ! ». C’est pourquoi elle revendique une expérience sensorielle qui transmet de suite un bien-être. Le seul élan empathique quand il s’accompagne d’une connaissance gestuelle fonde à lui seul l’intentionnalité du geste de soin car la nature du toucher est à double facette. Il y a selon Evelyne, d’un côté : la main cognitive et affective et, de l’autre, la main apathique car elle n’oublie pas ce citer cette formule de Eberole et Hess : « La privation sensorielle a des effets nuisibles sous forme de modifications comportementales chez l’individu ! ». Pour elle, le Toucher-massage est une alternative intéressante pour instaurer un réel climat de confiance notamment avec les personnes affectées par la maladie de Alzheimer. « Quand le geste se joint à la parole, il y a comme une forme d’ancrage qui se fait et se dit aussi car  le contact corporel devient alors un lieu de rencontre privilégié quand toute forme de communication est déficitaire ». On peut donc transmettre autrement, du bout des doigts son intention soignante.

Le Toucher-massage une alternative, un outil contre la douleur

Avec Dominique Schwaerderle, Cadre santé en psychiatrie, formateur Toucher-massage.

Dans une intervention empreinte d’émotions, Dominique Schwaerderle nous fait part de son « rêve » d’une société où le Toucher-massage serait une démarche naturelle.

I have a dream ! Cette célèbre phrase du pasteur Martin Luther King dans sa lutte pour le peuple noir contre une Amérique raciste, Dominique la fait sienne en prenant la parole au pupitre.
Cet infirmier psy fait le rêve d’une société où le Toucher-massage serait reconnu d’utilité publique et dispensé naturellement. Pour lui, le Toucher-massage est un outil de soin terriblement efficace pour lutter contre toute forme de souffrance morale. « Je rêve d’un Toucher-massage ou l’engagement dans le soin serait reconnu comme un art à part entière ! ». Au moment où le Ministère de la santé prône un dispositif législatif de lutte contre la douleur, cette pratique qui a fait déjà ses preuves trouverait tout légitimement sa place dans ce dispositif qui ferait la part belle aux méthodes non pharmacologiques.

Dominique termine son intervention par des témoignages émouvants de patients en psychiatrie qui ont reçu deux fois par semaine des massages : « Cela m’a fait revenir dans le monde des vivants ! » dira même l’un d’eux.

Le bain thérapeuthique et le Toucher-massage, en soin à domicile

Avec Edith Ceol, Elisabeth Besnier et Michelle Joly. Edith et Elisabeth pratiquent et allient le bain thérapeutique et le Toucher-massage à Soissons. Michelle, était responsable d’une équipe dans le cadre d’un SSIAD (soin à domicile).

C’est un soin de nursing très personnalisé auprès de personnes en soins palliatifs sur une durée d’environ deux heures. Un must en quelque sorte et qui réussit l’alliance parfaite de deux concepts. Pendant leur exposé, des images défilent dans l’écran géant installé dans la salle. On y voit les infirmières doucher une personne alitée et d’autres masser la patiente selon les méthodes chères à Joël Savatofski. Bilan : un apaisement général du système nerveux, un amoindrissement des douleurs, une oxygénation des tissus. Ce travail permet aussi de favoriser la communication avec le patient et d’établir une véritable relation de confiance. C’est ce qui ressort clairement des grilles d’évaluation mises en place par Elisabeth, pour qui : « Ce soin innovant est un plaidoyer pro-domo pour le Toucher-massage ! ». Et Michèle de rajouter : « Dans le  modèle de Virginia Henderson, les besoins sont au nombre de quatorze. Notre approche personnelle serait d’y adjoindre un quinzième besoin, devant être satisfait : Celui du Toucher-massage ».

Touchant le clown ! Une approche efficace pour les jeunes enfants

Avec Patricia Bonnetin, infirmière, et Josianne Passet, auxiliaire puéricultrice, CH Chambéry, association « Gai Rire ».

Patricia Bonnetin et Josiane Passet ont une manière d’aborder la douleur chez l’enfant pour le moins originale, basée sur le jeux et le rire.

Au travers d’une vidéo, on les voit grimées toutes deux en clown et « faire les pitres » avant d’effectuer une prise de sang sur une « petite » patiente. Ce film qui est en fait une expérience de distraction des sens a été présenté à l’UNESCO à Paris lors d’un congrès sur la douleur chez l’enfant. Pour Patricia, infirmière à l’hôpital de Chambéry et membre de l’association « Gai Rire » : «  Jouer avec un enfant, c’est se mettre à son niveau et jouer avec son corps permet d’entrer plus vite en relation avec lui, avec soi-même et les autres ».

Grâce à ce travail, Patricia lance son jeu de clown la première en pénétrant dans la chambre. Josiane, auxiliaire puéricultrice, prend le relais et monopolise l’attention de l’enfant ce qui permet un prélèvement sanguin très cool. L’enfant n’émettra pas le moindre son et continue d’afficher un sourire radieux alors que l’aiguille est déjà plantée dans son petit avant-bras. Un petit film très explicite et plus qu’encourageant !

Toucher en psychiatrie. Prise en charge et suivi de patients

Avec Geneviève Caggiano, infirmière psychiatrique, CHS La Chartreuse-Dijon, formatrice Toucher-massage, et Annie Guyon, infirmière psychiatrique, EPSM-La Roche sur Foron.

A travers une série de portraits saisissants, ces deux infirmières en secteur psychiatrique décrivent les bienfaits de la pratique du Toucher-massage sur des patients dépressifs et le bilan s’avère très souvent édifiant et touchant.

Annie a rencontré Vanessa, 25 ans, hospitalisée pour surconsommation de substances toxiques et prostrée sur son lit… Annie avoue qu’au début elle n’osait pas la toucher mais que peu à peu un contact va s’établir doucement, grâce à des mouvement respiratoires doublés d’une mini « Relaxinésie » (détente par le mouvement). Au bout de quelques instants, de douces pressions sur l’ensemble de son corps finissent par l’apaiser, la rassurer. Trois mois plus tard quand elle quitte l’établissement, la jeune patiente est souriante. « Elle rayonnait et se sentait à nouveau sécurisée ! » conclue Annie. Geneviève de son côté propose des ateliers de reconstruction identitaire. Une patiente dépressive et massée par ses soins lui écrit : « Bon j’ai dit oui pour le massage mais finalement j’ai peur… j’ai peur de la vie et parfois je suis gênée d’être touchée par vous, c’est le rapport à ma mère. C’est comme une grande langue qui vient m’envelopper de partout. Ça me ramène à moi, il y a comme un miroir où je me sens belle ! ».

Distance, contact, séparation. Le toucher au service du développement de la personne.

Avec Pascal Prayez, Docteur en psychologie clinique, praticien en massage de bien-être, auteur.

Pour ce Docteur en psychologie clinique à l’exposé brillant, un seul conseil adressé à tous les praticiens de Toucher-massage : « Que votre contact ne manque pas de distance et que votre distance ne manque pas de contact ! ».

Avec Pascal Prayez, la démonstration vient toujours étayer le discours et la pédagogie n’est jamais très loin. « Le moi enveloppe le sujet comme une peau, c’est une frontière entre le dedans et le dehors et se développer signifie en réalité « se des envelopper »… Ça c’est pour la théorie, passons à la pratique maintenant ». Pascal distribue des feuilles bleues et jaunes dans l’assistance.

Sur les premières, une histoire : celle d’une femme effondrée qui voit partir son mari en chimiothérapie… une infirmière va instaurer une distance défensive face à la douleur de cette dernière. Pas de contact physique, seul un échange verbal se produit entre les deux protagonistes. Sur les feuilles jaunes, la même histoire mais cette fois ci, l’infirmière établit une distance qui se veut enveloppante… Elle rassure, lui prend les mains et les masse doucement, en parlant peu. Pascal interroge l’auditoire et chacun prend position sur ce vécu de distance. Pour lui, la distance se doit d’être juste dans la mesure où le contact visuel précède le contact tactile et que la séparation ne peut s’opérer qu’à l’issue d’un contact verbal.

Sensibiliser, former au toucher

Avec Gérard Fournier, Docteur en sciences de l’éducation, professeur agrégé d’EPS.

Gérard est retraité de l’éducation nationale et ne mâche pas ses mots. Ce militant du Toucher-massage fustige et pourfend d’une saillie verbale les autorités sanitaires qu’il juge timorées.

« On nous tranxène, on nous viagrise, et pendant ce temps-là, l’aspirant massé subit des pressions de toutes sortes ! ». Cet ancien prof agrégé de sport dénonce le discours ambiant et le manque d’imagination et l’absence de courage des politiques en matière de Toucher-massage. Il existe dit-il une forme d’ignorance, une peur entretenue de tous ceux qui peuvent bénéficier du Toucher-massage. On leur dit, en substance, que le massage est affaire de spécialiste. « Avant de réchauffer les corps, occupons-nous d’échauffer des esprits frileux » lance-t-il à la salle qui applaudit et il poursuit : « Joël propose une approche ludique loin des grises mines et des attitudes empesées sous leurs blouses blanches et cette technique reçoit un assentiment enthousiaste alors pourquoi ces tirs de barrage ? ». Un exemple avec l’éducation nationale où le toucher est un échec civique. « A l’école, le corps d’inspectorat s’est parfois dressé contre ces initiatives alors qu’elles sont publiques et placées sous le contrôle des enseignants », proteste-t-il avant de conclure : « la parole moralisante a très peu de prise sur l’enfant et moi je vais continuer à faire de l’acharnement pédagogique pour le Toucher-massage ! ».

Une pédagogie pratique et ludique permet d’initier les personnes très rapidement

Avec Joël Savatofski, Masseur-Kinésithérapeute D.E., Directeur et fondateur de l’Ecole Européenne du Toucher-massage, institut de recherche pédagogique et d’enseignement, auteur.

L’apprentissage du Toucher-massage est une question d’état d’esprit, d’intention et de respiration, bien loin des carcans techniques qui bien souvent entravent une démarche naturelle.

Ici, on fait fi des cours d’anatomie et des discours techniques souvent pompeux ! Pour lui : « Le Toucher-massage , c’est une affaire de relation humaine. Tout est dans l’intention bienveillante et dans la respiration ». « Il faut expirer avant de débuter une séance, savoir se détendre, se poser ! », conseille-t-il. Alors on finit par lâcher prise et se « prendre au jeu » plus facilement et les gestes viennent d’eux-mêmes, ils sont adaptés ou plutôt adoptés par l’état d’esprit de celui qui donne tout en recevant. Pour cet ancien kiné qui massa un jour son père, épuisé après une journée de labeur, sur un trottoir parisien, le temps passe mais le discours reste. « Se former au toucher, ce n’est pas comme se former à l’informatique, la première condition reste l’envie et le plaisir ! L’anatomie et les connaissances théoriques dans ce domaine sont superflues voir handicapantes ».

Expériences concrètes en IFSI

Avec Corinne Schaub, infirmière enseignante, HECD Lausanne-Suisse, et Nathalie Nicolas, infirmière enseignante au CH Moulins.

Nathalie travaille comme infirmière à Moulins dans l’Allier. Elle initie le Toucher-massage depuis deux ans avec l’accord de la direction de l’hôpital. Nathalie pratique avec des aides-soignants sur trois jours et elle crée une vraie dynamique de groupes aux effets extrêmement positifs. Pour cette jeune infirmière : « Il faut savoir prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres ! ». Elle a été écoutée puisque son hôpital s’est doté d’une quinzaine de chaises ergonomiques de massage et de tables à la disposition dans la plupart des services. Cet exemple est unique en France.

Corinne est enseignante de Toucher-massage dans un institut de santé en Suisse. C’est elle qui reprend le flambeau de Ruth Rapin qui l’a initiée voilà trois ans. Elle organise des sessions annuelles de 45 minutes chacune à quelques 70 étudiants et pour elle c’est : « un lieu professionnalisant, sécurisant et surtout authentique ! ».

Prendre soin de la personne âgée

Avec Yannick Brondel, psychologue, formatrice en relation d’aide, auteur.

Yannick Brondel revient sur la fonction thérapeutique naturelle du Toucher-massage. Elle explique qu’il est une façon de créer de nouveaux repères en institution car, pour elle, le Toucher-Massage a un impact beaucoup plus profond qu’il n’y paraît.

Yannick Brondel est psychologue et cette femme très communicante cultive l’humour et le sens de l’anecdote pour dépeindre son expérience auprès des psychotiques. Formée à l’IFJS, elle travaille avec ce qui reste chez l’individu et non ce qui manque comme beaucoup trop de thérapeutes. Un regard fixe et vide ne la freine pas chez un autiste. Bien au contraire, elle va lui masser légèrement les mains et parfois le patient sort de sa bulle pour se confier. Pour cette formatrice en relation d’aide : « Le Toucher-massage vient souvent remplacer la mémoire défaillante chez les personnes âgées et c’est un repère à travers le ressenti ! ». Yannick ne pratique pas son art avec des objectifs mais avec de réelles intentions et cela fait toute la différence. Ce qui fait dire à Joël : « une psychologue qui touche… on est sur la bonne voie ! ».

Les gestes adaptés à la personne âgée

Avec Elisabeth Forest, aide-soignante en SAD, formatrice IFJS.

Babeth présente le « lever idyllique », une pratique adaptée aux personnes âgées associant le geste à la parole.

Avec Babeth, les travaux pratiques sont toujours à l’honneur… Sur une table de massage érigée dans l’amphi, elle montre les gestes adaptés sur une volontaire et la salle ne manque pas de mimer l’exercice. Résultat : au bout de 5 minutes de démonstrations, tous les participants se massent dans les travées de l’auditorium.

Pour cette formatrice en Toucher-massage, le « lever idyllique » – plus qu’un concept, une pratique qu’elle a instaurée – chez la personne âgée associe le geste à la parole. La main prend doucement contact sans s’imposer et par des pressions légères, on amorce un réveil du corps. Babeth poursuit ses manoeuvres de chauffe par des stimulations sur la voûte plantaire. « Et les 2 pieds en même temps ? », interroge alors Joël. Dans une manoeuvre symétrique parfaite, elle utilise alors ses 2 mains ensemble pour masser les pieds de la participante qui en redemande.

La toilette autrement

Avec Mimi Atallah Girard, soignante en esthétique et soins confort, CHU de Montpellier.

A travers une vidéo Mimi Atallah Girard nous montre que la toilette peut (doit) être un temps privilégié de communication et de bien-être pour les patients.

Il y a 2 ans, lors du premier Congrès européen, un incident technique nous avait privés du film de Mimouna, soignante à Montpellier. Cette fois-ci et malgré un départ laborieux, la projection a bien eu lieu et tout commentaire paraissait superflu. Ce petit film a été réalisé au centre de gérontologie du CHU de Montpellier et se présente en 2 parties. Dans la première : une toilette traditionnelle, énergique et sans communication verbale. La caméra reste volontairement plantée sur le visage de la patiente. Elle grimace et ses traits sont tordus par la douleur. La personne âgée souffre et avec elle, nous aussi. Dans la seconde moitié de la vidéo, la même patiente est massée, lavée, bichonnée, coiffée en un mot elle est choyée avec une attention toute bienveillante.
La toilette est alors un plaisir et la patiente, aux anges et radieuse, aura même cette réflexion surréaliste : « Combien ça coûte ? ».

Les séquences « beauté/bien-être »

Avec Martine Schmidt, Directrice de maison de retraite Croix-Rouge, « Les Airelles » à Paris.

Martine dirige la maison de retraite « Les Airelles » à Paris depuis 4 ans et elle a su souder une équipe disloquée et épuisée à son arrivée autour du thème fédérateur du Toucher-massage.

Elle prône cette « toucher attitude » en organisant, sur une une demie-journée, un salon de beauté où les personnes âgées reçoivent des massages des pieds, des mains, du visage ou du dos. « On vit des moments très fort ! », proclame-t-elle fièrement. Willy, un soignant converti au Toucher-massage apporte aux 87 résidents détente, confort et relaxation. Et pour Martine : « Le boulot de directeur d’établissement pour personnes âgées dépendantes, ce n’est pas de monter un budget ni de se battre avec sa tutelle mais de faire passer le message du Toucher-massage ! ». Massage et message bien reçus !

La pratique des massages bien-être

Avec Odile FrèreIsabelle MahéJacqueline Thonet et Gilles Artéro.

Cinq praticiens de massage bien-être présentent leur activité, leur type de clientèle, quelles ont été les difficultés rencontrées, etc.

Odile présente son activité. Elle a une clientèle régulière de cadres de 20/27 ans qui éprouvent un mal être et une mauvaise image d’eux-mêmes. Par le massage, une certaine confiance s’installe, ils se détendent vraiment « ça leur fait le plus grand bien ! ». Elle exerce à titre de profession libérale et applique un tarif de 60 euros par séance. Jacqueline exerce depuis 10 ans en cabinet à Dijon. Sa clientèle est mixte, plus âgée : 35/50 ans et elle aussi travaille en libérale. Isabelle est praticienne de bien être depuis 5 ans à  Nantes et elle gère son espace détente au sein d’un salon de coiffure. Ce sont essentiellement des femmes qui viennent se faire masser et le bouche à oreille fonctionne à merveille pour elle. Babeth a monté un cabinet de massage en milieu rural pour une clientèle tout public de 7 à 85 ans. Ses tarifs : une poule, un canard ! Plus sérieusement, elle demande peu, 30 euros la séance mais les clients ne sont pas réguliers dans leurs visites. Gilles, un ancien conseiller conjugal est sorti de l’IFJS pour s’installer à Bordeaux et vivre un peu la galère. Menacé par le syndicat des kinés d’Aquitaine, il s’est replié au pays basque pour y faire de la résistance. Il démarche les hôtels, les restaurants et les instituts de beauté pour y exercer.

Toutes ces expériences intéressent la salle qui va multiplier les questions sur la forme juridique choisie, sur les problèmes d’assurance et sur l’utilisation du terme massage.
Joël prend alors la parole pour rappeler énergiquement que le massage n’a jamais été un monopole et surtout pas celui d’une profession comme les kinés qui en revendiquent toujours l’appellation mais en se gardant – pour la plupart – d’en exercer le contenu… faute de formation, d’envie et de goût.

Le massage minute

Avec Joël Savatofski, masseur-Kinésithérapeute D.E., Directeur et fondateur de l’Ecole Européenne du Toucher-massage, institut de recherche pédagogique et d’enseignement, auteur.

« Pour moi, le Toucher-massage, c’est un état d’esprit et non une technique, c’est un ensemble, de présence, de gestes, d’attitudes qui vont s’accorder avec une intention de bien-être et de plaisir car il ne suffit pas d’en donner, il faut en prendre en massant l’autre ! ».

Ainsi parle Joël devant le public pour faire passer son « massage ». Il y a 20 ans, l’idée de masser autrui dans la rue paraissait complètement incongrue. Aujourd’hui, elle a fait son chemin et Joël a, toujours su jouer les sentinelles et les explorateurs. L’idée des premiers massages publics sur l’autoroute des vacances, dans les centres commerciaux et dans le métro parisien, station Auber ! C’est lui… Des files d’attente de plus d’une heure pour 6 bonnes minutes de bonheur total pour tous ces parisiens stressés. Il se rappelle à ce sujet et avec émotion des remarques bouleversantes qui faisaient suite aux massages minute dans le métro : « Je n’ai jamais été touché comme cela ! ». Corinne Gaudio s’installe alors sur une chaise à l’envers pour servir de cobaye mais Joël continue à parler : « L’idée, c’est de bien toucher et la zone primordiale, c’est le haut du dos et le cou ! C’est là que le stress se fixe ».

Enfin, Joël passe à l’acte. Une main va accueillir le front de Corinne pendant que l’autre va pétrir le cou et se promener sur la tête : « La cerise sur le gâteau », clame Joël avant de préconiser le massage des mains et de conclure : « Mon rêve c’est de mettre Chirac, Sarko, Jospin et Royal en slip pour un massage à l’huile, ça les détendrait vous croyez pas ? », lance-t-il à une salle hilare. Joël en a profité pour saluer Françoise Boissières, cadre de santé et formatrice Toucher-massage, absente parce qu’au même moment elle communique sur le même sujet au Congrès Mondial du SIDIIEF à Montréal.

La pause massage

Avec Corinne Gaudio, formatrice et animatrice en entreprise, Elisabeth Hautefeuille, IDE. responsable des pauses massage, CH Versailles, Nathalie Nicolas, IDE, enseignante, CH Moulins, Isabelle Piquet, déléguée syndicale, co-responsable des pauses massage, CH Beanue, Christiane Picheret, kinésithérapeute, co-responsable des pauses massage, CH Limoges et Jocelyne Vallié, aide-soignante praticienne de bien-être, CH René Muret.

Cette édition 2006 du Congrès Européen du Toucher-massage s’achève par un grand débat avec les intervenants et l’assemblée de participants.

A la table des intervenants, il y a des infirmières rompues au Toucher-massage, des formatrices, une enseignante et même une kiné venue de Limoges qui a été formée à cette méthode à l’IFJS. « J’ai eu envie de monter un atelier de Toucher-massage au centre hospitalier de Limoges après 2 ans de tractations avec la direction et ça marche 2 fois par semaine et sur 20% de mon temps de travail », confie Christiane Picheret sous un tonnerre d’applaudissements. Le public pose beaucoup de questions sur les formations, Jocelyne, aide-soignante à l’hôpital Muret à Paris raconte qu’elle a dû batailler ferme pour maintenir son activité de massage du personnel. Isabelle, déléguée syndicale à Beaune rappelle que ces « pauses massage » sont comptées sur le temps de travail. Janine qui est formatrice aura cette belle citation de Simone de Beauvoir en guise de conclusion de ce deuxième Congrès. «  Le monde ne tient debout que par la conspiration de l’amour ! ». Décidément ce congrès aura été un véritable « massage à l’acte » pour beaucoup.