PARIS / Juin 2010

4e Congrès européen
du Toucher-massage®

"La peau, le toucher, douleur et plaisir"

Présentation

Parce que le Toucher-massage apporte détente et bien-être immédiats, parce qu’il soulage de nombreux maux, parce qu’il nous réconcilie au plaisir de toucher et d’être touché, parce qu’il facilite la communication et adoucit les mœurs, j’ai choisi de populariser cette pratique ancestrale en l’adaptant à notre civilisation moderne. Cette réflexion simple, basée sur un constat quotidien, est devenue au fil des ans une évidence partagée par tous. Le Toucher-massage entend fédérer ainsi les initiatives et rassembler les bonnes volontés autour d’un rêve qui est loin de ressembler à une utopie : faire entrer le Toucher-massage dans les mœurs et les pratiques thérapeutiques quotidiennes de notre société.

Après 20 années de pratique du Toucher-massage dans la continuité et l’ouverture, nous obtenons enfin notre légitimité :

  • Continuité, qui consiste à faire se rencontrer ici des praticiens venus de tous les horizons et d’enraciner le Toucher-massage dans le monde des soins.
  • Ouverture assurément, eu égard aux pratiques innovantes qui se multiplient ça et là, font peu à peu leurs preuves et suscitent une large adhésion du public.
  • Légitimité enfin, car le temps des inquiétudes juridiques est maintenant révolu.

Le Toucher-massage participe aujourd’hui à la démarche de santé publique en matière de prévention et de qualité de vie. Il entre dans le cadre des soins, de la relation d’aide et d’accompagnement. Il intègre les domaines du bien-être, de la beauté, s’invite lors des évènementiels, des congrès, des manifestations culturelles et sportives, dans le cadre de l’entreprise.

Après le succès des trois premiers Congrès, la nouvelle édition 2010 donne la parole à tous ceux qui, au coeur des soins, ont à lutter contre la douleur et utilise le Toucher-massage comme une alternative possible aux traitements contraignants. Nous aborderons un thème essentiel et pourtant rarement présenté, le plaisir dans les soins. Les intervenants, experts, philosophes ou gens de terrain communiqueront sur leur propres expériences et débattront avec le public. Des ateliers pratiques viendront compléter le programme.

Pour ce 4e Congrès, l’IFJS s’est associé à l’association Soiliance dont l’objectif est de promouvoir des études scientifiques sur les effets bénéfiques du Toucher-massage afin d’en permettre la reconnaissance comme une véritable compétence soignante. Une façon d’être mieux entendu par les pouvoirs publics et tout ceux qui doute encore de l’intérêt de cette pratique.

Conférences

Les différentes dimensions du corps vécu

Avec Pierre Ancet, Maître de conférences en philosophie, Université de Bourgogne, 1er assesseur et référent handicap de l’UFR Lettres-Philosophie, Directeur de l’Université pour Tous de Bourgogne (UTB).

Dans une perspective mêlant philosophie, psychologie et anthropologie, Pierre Ancet envisage les dimensions occultées de notre rapport à nous-mêmes, dimensions qui peuvent contribuer à développer notre ressenti somatique, et, pourquoi pas, notre plaisir d’exister.

La culture occidentale nous a majoritairement accoutumés à réduire le corps à ses caractéristiques physiques objectives, à l’envisager comme organisme plus que comme corps vécu et représenté. Plus encore, nous voudrions qu’il ne soit qu’un serviteur fidèle : nous souhaitons surtout qu’il fonctionne bien, obéisse à nos volontés et, pourquoi pas, qu’il soit agréable à voir de l’extérieur… Or la notion de corps vécu a une extension beaucoup plus importante : elle intègre les sensations et les représentations que nous avons de nous-mêmes. Elle fait intervenir le corps comme vecteur de relation, comme lieu de continuité avec autrui, comme partie intégrante de notre être dans sa globalité. Le corps que nous vivons n’est pas seulement quelque chose que nous avons : nous vivons à travers lui, nous vivons notre relation à nous-mêmes et aux autres. Nous sommes ce corps. Nous vivons donc notre corps de manière plus variée que nous ne nous le représentons ordinairement. Sans corps vécu, il n’y a ni douleur, ni sensation, ni émotion, ni même conscience claire de soi. Il est possible que la dimension du contact puisse restaurer ou développer cette conscience du corps, si souvent oubliée dans les descriptions traditionnelles de la conscience.

Accompagnement et plaisir

Avec Marcel Nuss, auteur, conférencier, président de l’association Coordination Handicap et Autonomie. 

L’auteur Marcel Nuss nous parle de la nécessité vital du toucher, sous toutes ses formes, et de ses implications dans la construction de l’être.

Il n’y a pas d’incarnation possible sans toucher. Il n’y a pas de vie possible sans toucher. Le toucher est une respiration qui permet à toute personne de se sentir exister, donc d’exister. Mais si le toucher est la vie, il peut aussi être la mort. S’il peut apporter la vie, il peut aussi apporter la mort, une certaine mort, une mort lente et insidieuse. Une mort par désincarnation et déstructuration de la personne. Cela dépend de la façon dont la personne est touchée physiquement. Ceci est particulièrement vrai chez les bébés et chez les personnes dites handicapées qui nécessitent un accompagnement constant ou quasi-constant. Lorsque vous ne maîtrisez pas votre corps, lorsque vous êtes coupé de lui (car paralysé des membres supérieurs), c’est-à-dire lorsque vous êtes coupé de votre corporalité, donc de votre charnalité, sans le toucher d’autrui, un toucher affectueux et/ou empathique, votre être est peu à peu asphyxié. Il est donc vital d’envisager le toucher, sous quelque forme que ce soit (soins, caresses, massages, etc.), comme un moyen d’insuffler de l’être, une thérapie du mieux-être ou de l’être soi. Un moyen de donner sens à des personnes qui n’en ont plus car elles sont réduites à des objets d’attention, sacrifiées sur l’autel du déni d’être.

Cependant, si le toucher physique est primordial, il ne faut pas non plus omettre le toucher verbal. Car, me semble-t-il, le toucher est un tout dont on ne peut pas négliger une partie faute de quoi on contrarie plus ou moins gravement et durablement la construction de la personne. Encore faut-il dépasser les freins culturels et les ambiguïtés réveillent et/ou que révèlent dans notre société.

Bien-être, sensualité, sexualité

Avec Pascal Prayez, Docteur en psychologie clinique, praticien en massage de bien-être, auteur, membre de l’association suisse SEHP : Sexualité et Handicap Pluriels. 

Bien connaître les différences entre bien-être, sensualité et sexualité est une étape importante dans le parcours d’un soignant qui va lui permettre d’améliorer sa qualité d’écoute et ainsi sa relation avec le soigné.

Le massage de bien-être procure un plaisir calme, contenant, dans un contexte d’intimité confiante. C’est un contact plein, donné pour répondre aux besoins de la personne qui reçoit. Toute autre est la caresse érotique, qui n’a pas la même visée. Car loin d’apaiser, la caresse a pour but de créer de l’excitation pour amener le partenaire vers la sexualité. Elle vise à partager un plaisir intense, en jouant sur la montée puis la décharge de la tension.

Entre ces deux expériences se situe la sensualité, qui éveille le corps tout en maintenant un équilibre entre excitation et apaisement. Il y a quelque chose d’Eros dans la sensualité, mais le but sexuel semble oublié. C’est un plaisir d’une grande subtilité, trop peu exploré, même dans la vie des couples.

En tant que soignant, il est important de reconnaître ces différents registres pour apprendre à « désexualiser » le toucher. C’est une première étape, indispensable pour construire un cadre à la fois ferme et sécurisant. Mais pour gagner en qualité d’écoute, il est bon savoir que le toucher est toujours sexué (ce qui ne veut pas dire sexuel). Et que la sexualité n’est pas une « mauvaise chose » en soi : c’est même une des lignes de force de l’identité de chaque femme et chaque homme. Cependant, l’échange érotique suppose un consentement réciproque dans un contexte adapté, qui n’est pas celui du soin. Cette complexité sera illustrée par l’expérience particulière des personnes en situation de handicap qui ne peuvent pas avoir accès à une vie de couple ni même se procurer des plaisirs auto-érotiques, lorsque la déficience motrice est trop lourde. Et l’on verra qu’il existe, dans certains pays proches comme la Suisse, des services d’accompagnement affectif et sensuel permettant d’ouvrir des possibles tout en respectant un cadre éthique précis. Ces réponses exceptionnelles évitent toute confusion des rôles en aidant les soignants (ou des éducateurs) à se situer clairement du côté du bien-être non sexuel, tout en reconnaissant l’identité sexuée de la personne et son droit au désir.

Plaisir et douleur dans les scarifications (et tatouages)

Avec Catherine Rioult, Psychologue clinicienne, Docteur en Psychopathologie fondamentale. 

La psychologue Catherine Rioult nous livre ces réflexions sur les liens existants entre plaisir et souffrance notamment chez de jeunes patientes pratiquant la scarification.

En tant qu’infirmière, je me suis formée aux techniques de Toucher-massage pour aider le patient à s’approprier son corps, à apaiser ses tensions liées au stress de la maladie. Je me suis rendue compte des répercutions importantes sur la santé physique et psychique du patient. Puis, des études en psychologie m’ont permis d’approfondir ces notions et d’effectuer un travail de recherche sur la fonction de la peau d’un point de vue psychique. Lors de la psychothérapie que j’ai menée avec des adolescentes qui portent atteinte à leur corps en le scarifiant, j’ai pu constater que ces entailles apportaient une limite à la souffrance en la matérialisant par une trace visible. Pour le sujet qui se fait tatouer, outre le côté esthétique, il mirait l’illusion de garder à l’oeil, d’inscrire sur sa peau, des éléments forts de son histoire. Ces phénomènes témoignent d’un besoin de réassurance sur l’existence des limites corporelles, ce qui suppose pour le sujet d’éprouver de la douleur et de voir le sang couler. C’est l’une des pistes de réflexion choisie pour analyser ce malaise.

Si ça vous fait plaisir !

Avec Geneviève Caggiano, infirmière, formatrice en Toucher-massage. 

Quels sont les « bénéfices thérapeutiques » que peuvent apporter des séances de massages dans la gestion du stress et de la dépression ?

Comment, d’un passé traumatisant (crash professionnel, hospitalisations mal vécues), une proposition de massage au CATTP (Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel) a permis à Marie de reprendre « une voie pour parvenir à survivre, vivre en acceptant l’effondrement qui dure depuis 3 ans ». De ce vécu douloureux, de nos échanges verbaux en séances de massage, un dialogue s’est instauré :

  • dialogue entre le corps et l’esprit,
  • mise à distance des difficultés en ressentant la détente, en vivant ce mieux-être « en opposition aux tensions et angoisses ressenties presque journellement ».

Au fil des séances, Marie, de plus en plus réceptive, s’aperçoit des variations du massage dans leur rythme, la profondeur, la gestuelle. De ses sensations perçues et éprouvées naît un apaisement, une dynamisation et des « bénéfices thérapeutiques » dans sa dépression, dans son stress. Marie s’aperçoit qu’après les massages, elle part généralement plus ouverte sur l’extérieur. Lorsque Marie demande à son psychiatre un renouvellement de la prescription des soins en massage, celui-ci lui dit « si cela vous fait plaisir et vous apporte du bien-être… ». Nous continuons de dialoguer petit à petit autour de la perception des massages, pour retrouver cette étincelle de plaisir qui est en soi, pour cheminer vers le désir qui nous constitue, pour retrouver l’Etre désirant.

Où se niche le plaisir dans la relation de soin ?

Avec Françoise Boissières, cadre soignante, formatrice relation d’aide et Toucher-massage, auteur.

Nous savons aujourd’hui que le contact régulier et intime des professionnels de la relation d’aide avec les patients, contact par la pratique du Toucher-massage, devient l’essentiel d’une relation privilégiée apportant plaisir et reconnaissance.

« C’est curieux, je ne pensais pas que j’aurais autant de plaisir à réaliser un massage qu’à le recevoir », nous témoignent de nombreux soignants. Aborder la relation de soin, c’est avoir la capacité de donner et aussi de recevoir. C’est donc se situer de sujet à sujet, savoir reconnaître en l’autre la personne et non l’objet du travail, c’est donner à chacun la possibilité de se sentir différent d’une croix dans un diagramme de soins, c’est finalement permettre une véritable rencontre soignant-patient. Entrer en relation de soin, c’est être attentif et savoir écouter ce que chacun est, vit et ressent… et s’offrir la possibilité (pour ne pas dire le luxe) de faire du bien tout en étant bien soi-même. Le fait que la pratique du Toucher-massage soit agréable, aisée à réaliser, valorisante et que ce temps partagé avec le malade devient un moment de plaisir, une pause re-créative et re-motivante pour le soignant, offre à tous la possibilité de s’épanouir et donne du sens à la relation de soin. Françoise Boissières aborde cette réflexion de différentes façons :

  • le concept de Carl Rogers, centré sur la personne et non directif, aide le soignant à accompagner le patient et à s’approprier les notions de bien et de plaisir à le faire.
  • le plaisir de prendre soin de soi tout en prenant soin de l’autre, dans les actes de la vie quotidienne de l’univers de la relation d’aide.
  • les conséquences du déni de soi dans la relation d’aide.

L’art du toucher africain

Avec Avelina Merkel, massothérapeute, directrice de IMALAAH -centre de bien-être, de formation et de recherches en techniques manuelles africaines.

Profondément ancré dans la tradition africaine, la pratique du massage accompagne chaque étape essentielle de la vie d’un individu.

Dans la tradition africaine, il existe différentes formes de massage que l’on acquiert avec l’expérience et l’aptitude. Ils intègrent un monde de femmes initiées qui ont en charge de moduler et de préserver certaines situations sociales (relationnelles) ou certaines phases de la vie tant physique que mentales : grossesse, accouchement, naissance, ouverture à la vie, souffrance, convalescence, troisième âge… Connaissances codifiées, intimement liées à une philosophie de vie où le toucher est un langage essentiel pour se faire du bien et faire du bien. Le Toucher Africain : un toucher de tous les sens, qui préside à toutes nos naissances. Il efface le ressenti de la séparation en tissant des ponts, il recentre en nous réconciliant avec la mort pour exalter la vie. Dans la philosophie africaine, le toucher matérialise nos pensées, nos émotions, notre action ; il est la relliance verticale et horizontale de l’homme ; c’est un toucher-santé, une santé-équilibre sans cloisonnement.

Le Toucher-massage dans la prise en charge non-médicamenteuse de la douleur

Avec Jacqueline Thonet, présidente de Soiliance a.r.t., et Fatima Medjahed, Infirmière cadre.

Tout commence par une rencontre entre Fatima Medjahed (infirmière-cadre, auteur d’une thèse d’ingénierie sur l’intérêt du Toucher-massage au coeur de la douleur en unité de soins palliatifs) et Jacqueline Thonet (responsable pédagogique à l’Institut de Formation Joël Savatofski).

De cette rencontre nait, en 2009, Soiliance, une association de soignants au service d’un savoir-faire. Innovante dans son approche scientifique, Soiliance a pour vocation la reconnaissance du Toucher-massage comme une compétence soignante, un outil privilégié pour communiquer et optimiser le confort de la personne soignée. Pour cela, Soiliance soutient les recherches sur les bienfaits du Toucher-massage et apporte aux soignants la possibilité de mettre en place des suivis individualisés par une assistance méthodologique. Par ses actions d’information, Soiliance souhaite amener les soignants à repenser leur pratique à partir du Toucher-massage et, pourquoi pas, arriver un jour à une nouvelle modélisation de soin. Cette association est également un formidable outil permettant de rassembler les réflexions et les applications acquises dans les différents secteurs de soins, pour ensuite pouvoir les partager, notamment à travers une base de données, accessible à tous. Par son existence, par ses travaux de recherche, Soiliance apporte une légitimité à la pratique des soignants formés au Toucher-massage, lesquels pourront enfin ainsi revendiquer cette nouvelle compétence.

Le Toucher-massage en unité douleur

Avec Françoise Debrie, infirmière, praticienne en Toucher-massage, Centre hospitalier de Beauvais. 

Dans son intervention, Françoise Debrie relate comment elle exerce le Toucher-massage au sein de son activité d’infirmière en unité douleur et explique quels sont les bienfaits apportés aux patients.

Infirmière ressource douleur dans une unité prenant en charge des personnes souffrant de douleurs chroniques (quelle que soit leur étiologie), je souhaitais apporter une approche différente, une manière d’être et d’exercer en adéquation avec les besoins des personnes, dans l’accompagnement de leurs difficultés, leurs souffrances, leurs douleurs. Sans « lâcher » une pratique de soins techniques, nécessaire à notre spécificité médicale, je tenais à associer un accompagnement à la fois thérapeutique dans son objectif de soin et une pratique emplie d’humanité, de bienveillance, d’attention, de centration sur les personnes soignées, par des gestes simples et si essentiels de Toucher et de Massage. Ces gestes apportent du réconfort, du mieux être, de l’apaisement, du bien être, enrichissent et favorisent une relation. Une personne en souffrance et en douleur les reçoit avec grand bonheur (nombreux témoignages écrits jalonnent cette pratique). Je suis devenue une « Infirmière douceur » !

Sont abordés dans cette conférence les nombreux intérêts et effets du massage, approche thérapeutique à part entière, recherchés dans la prise en charge de toutes les composantes de la douleur : ne pas alourdir, voire diminuer, un traitement médicamenteux déjà chargé, prévenir ou traiter certaines douleurs de soins, l’angoisse et/ou l’anxiété, augmenter le seuil de tolérance à la douleur, aboutir à l’expression des émotions rentrées, refoulées,  accumulées depuis tant de temps (aide au travail psychothérapeutique sur les souffrances psychiques, émotionnelles), se réapproprier son corps voire se réconcilier avec un corps considéré comme un carcan, modifier la façon de concevoir la vie, la maladie, la souffrance. Pour bon nombre de personnes, le massage détente contribue à enfin oser DIRE, oser FAIRE, oser ETRE.

La nécessaire complicité plaisir/pédagogie

Avec Joël Savatofski, masseur-Kinésithérapeute, directeur et fondateur de l’Ecole Européenne du Toucher-massage, auteur.

Le Toucher-massage est une pratique qui réhabilite les gestes de contact simples, naturels. C’est une approche véritablement subjective, intuitive, une manière de faire, d’être, de communiquer, d’accompagner le prendre soin.

Le Toucher-massage est finalement une démarche de bon sens et au fond bien davantage attitude que technique. C’est en plus une pratique aisée, abordable par tous. Seule condition, être à l’aise, dégagé d’un certain nombre de blocages et d’inhibitions. Comment mieux signifier à l’autre qu’on est prêt à l’épauler si ce n’est en lui posant la main sur l’épaule ? Ce n’est plus alors du grand muscle trapèze dont on s’occupe mais du sens de ce contact si naturel.

Le bon sens ignore l’anatomie… par définition. D’ailleurs la plupart du temps les personnes qui en savent le moins ont souvent un bon toucher comme si, dégagées d’un certain nombre d’a priori et de connaissances trop théoriques et réductrices, elles s’exprimaient plus naturellement et, au fond, d’une façon plus juste. C’est pourquoi la formation au Toucher-massage a des objectifs, une pédagogie et des contenus radicalement différents des formations médicales classiques. Il s’agit moins d’un apprentissage théorique et technique que d’acquérir d’abord la confiance en soi, d’adopter des attitudes bienveillantes, d’être mieux dans sa peau pour pouvoir s’exprimer en faisant confiance à son intuition. Dans ce but nous avons, au sein de l’école, mis au point une centaine d’exercices de communication, de jeux de prise de conscience, de mise en confiance qui insufflent le goût et la motivation et le plaisir de toucher/masser. Notre expérience démontre qu’en quelques jours ces conditions permettent aux participants d’intégrer les apprentissages de façon plus authentique et rendent la pratique du Toucher-massage aisée, agréable et surtout motivante pour les soignants. Cette pratique à l’hôpital, au côté des techniques les plus sophistiquées atténue les excès de la sacro-sainte technicité, et rappel l’importance de l’humain… de la main.

Par ailleurs, l’observation montre que l’enseignement du Toucher-massage dans les IFSI ou auprès des étudiants aides-soignants permet aux élèves de se sentir plus à l’aise avec les patients. « Après avoir été initié et avoir pratiqué moi-même cette technique de Toucher-massage relationnel, il m’est apparu intéressant de la proposer à mes équipes soignantes et bénévoles travaillant dans le cadre de l’U.S.P. du centre hospitalier. Outre l’amélioration notable de la qualité des soins appliqués aux malades, c’est aussi la qualité des échanges entre soignants et l’esprit d’équipe qui se sont trouvé renforcées » me disait un médecin chef de service qui avait participé à nos formations. Cette même observation a été à chaque fois vérifiée.

Des soignants partagent leurs expériences

Avec Pascale Baert, Michèle Fortez, Catherine Franchet, Eliane Iracabal et Maryse Moitié, soignantes.

Plusieurs soignants font part de leur expérience du Toucher-massage dans le cadre de leurs différents services et des projets ayant vus le jour au sien de leur établissement.

C’est en 1995 qu’Aveline Kambili, infirmière en hémodialyse, fait découvrir les massages aux patients ; ils sont ravis. Très vite certaines infirmières adhèrent à ces techniques de détente, soutenues par le médecin en chef. Les années passent et l’idée de créer une cellule de qualité de vie pour l’Institution mûrit dans l’esprit de Pascale Baert, infirmière en chef en hémodialyse et d’Aveline Kambili. Soutenue par la directrice du département infirmier, la cellule de qualité de vie « CURAE », du CHU Brugmann de Bruxelles, voit le jour en 2005. L’objectif de la cellule est double : prendre soin des patients mais également du personnel soignant. La cellule offre différents soins gratuits aux patients hospitalisés, des massages de confort, des conseils et soins esthétiques, de la pédicure et manucure médicales, etc. Le personnel soignant, sous prescription médicale, peut également venir se faire masser. Depuis, la cellule est devenue un centre de formation pour les autres hôpitaux belges. Le massage de confort y est enseigné sur une période de 10 jours, à l’attention des infirmières, aides-soignantes, médecins, kinés, ergothérapeutes, etc. Au sein de l’hôpital, des formations sont dispensées aux équipes de gériatrie, de chirurgie, pour leur permettre d’améliorer la qualité de vie de leurs patients ainsi que leur facilité l’entrée en relation d’aide et d’écoute.

Pascale Baert, Cadre-Ressource infirmier, Responsable Cellule qualité de vie.

Suite à mes interventions en Toucher-massage auprès des patients, les équipes soignantes ont pu constater l’effet positif du Toucher-massage dans la prise en charge des patients, de la maternité à la gériatrie. Les mains sont donc un excellent outil, notamment pour lutter contre la douleur et le stress. Le Toucher-massage permet, aussi, une meilleure communication avec le malade, sa famille et les professionnels de santé. Grâce à cette formation reconnue au sein de l’établissement, j’ai intégré plusieurs groupes de travail, notamment le Clud (Comité de lutte contre la douleur), l’Accompagnement en fin de vie et le groupe sur les conduites addictives. Il m’a semblé important de travailler en collaboration avec la psychologue et les équipes de soins, ceci afin de cerner au mieux les besoins des personnes hospitalisées. Aujourd’hui, cette activité ne se limite plus seulement à la prise en charge des malades mais également à celle de mes collègues qui se sont tournées vers moi afin de bénéficier de ces prestations. De ce fait, je collabore avec la médecine du travail. De cette collaboration est né le projet d’initier et de former à la pratique du Toucher-massage les soignants de l’établissement qui le souhaitent. C’est un soin technique qui fait intervenir le relationnel et agit de façon très favorable au niveau de la communication. Etre formé au Toucher-massage est : un plus pour soulager et mieux soigner les patients, un plus pour les soignants pour mieux vivre leur exercice professionnel. En conséquence, il est un plus qui améliore la Qualité des soins.

Michèle Fortez, Aide soignante, Praticienne et formatrice Touchez-massage