lyon / Juin 2012

5e Congrès européen
du Toucher-massage®

"Des mains pour écouter, la présence par le toucher"

Présentation

Un congrès exceptionnel sur le thème de la présence, mais, comme nous aimons le faire, sous une forme originale, en invitant un philosophe, un psychologue et un clown (Christophe Pacific est Directeur des soins, Docteur en philosophie; Pascal Prayez est psychologue clinicien et auteur de plusieurs ouvrages sur la relation dans les soins et le toucher ; et Marcel Nuss, clown professionnel, intervient régulièrement en hôpital).
Rosette Poletti (Rosette Poletti est Docteur en sciences infirmiers, conférencière et auteur) nous honore également de sa présence. Puis des équipes de praticiennes en massage bien-être venues de France et du Québec nous témoignent de leur quotidien et des applications du toucher/masser, notamment auprès des enfants et des personnes adultes soignés pour un cancer.

Conférences

L’éthique du toucher soignant

Par Christophe PACIFIC (Directeur de soins, Clinique Pasteur à Toulouse, Docteur en philosophie).

Entre compassion et détachement, entre intention de bien et maltraitance, entre besoin et désir, le toucher du soignant peut s’exprimer sous de multiples formes…

Quel soin autorise le soignant à toucher le patient en dehors d’une recherche d’éléments de réflexion clinique ou d’acte thérapeutique ? « Toucher pour toucher » n’est pas codifié comme un acte soignant à part entière.

Peut-on embrasser un enfant hospitalisé ? Peut-on avoir des gestes « touchants » envers une personne soignée ? Caresser la main, la joue d’une personne âgée en maison de retraite est-ce toujours un soin ? En les cherchant, nous nous apercevons que ces gestes sont pour la plupart d’entre eux des gestes cachés, non valorisés, des gestes que nous nous interdisons aussi quand les proches de ces personnes soignées sont présents. Comme si nous n’avions pas le droit, comme si nous transgressions une forme d’intimité qui ne nous appartient pas.

Aujourd’hui, il est plus que temps de réfléchir à ce toucher soignant, à ses limites, à ses besoins, à son éthique. Rien (ou presque) aujourd’hui n’existe en termes de réflexion dans les formations initiales quant aux limites du geste soignant. Sans approche, sans professionnalisation de ce geste-qui-touche, les pratiques restent des initiatives personnelles perdues dans des représentations morales et surtout sans référence institutionnelle éthique.

Dès lors, le soignant s’interdit ou s’expose entre l’excès et le défaut mais en loupant presqu’à tous les coups le geste juste.

Entre compassion et détachement, entre intention de bien et maltraitance, entre besoin et désir, le toucher du soignant peut s’exprimer sous de multiples formes, quelques fois salutaire mais parfois aussi délétère. Engageons une réflexion soignante professionnelle sur de nouveaux chemins au bout desquels la promesse de rencontrer autrui doit nous mobiliser. Les soins de supports ouvrent aujourd’hui la voie à l’expression de nouvelles façons de prendre soin. Ces opportunités, si nous ne savions pas les saisir, nous feraient manquer des rendez-vous avec autrui et peut-être même avec nous-mêmes.

Est-il possible de conjuguer intimité et juste distance ?

Par Pascal Prayez (Docteur en psychologie clinique – Auteur)

Pour une présence partagée qui ne soit pas fusion mais rencontre.

Deux personnes peuvent partager leur espace personnel et intime sans pour autant perdre toute distance psychique. Quelque soit le degré de dévoilement physique ou psychique de la rencontre, une certaine pudeur garde sa place. Mais cette distance intime n’est pas une intimité distante dans laquelle le contact aurait perdu sa dimension relationnelle pour devenir un toucher froid et aseptisé de tout affect. C’est une intelligence sensible aux gestes signifiants, c’est une main qui écoute et accepte une part de réciprocité.
La qualité de cette intimité partagée est liée au contexte qui organise la rencontre. Toucher-massage en relation de soin, massage entre amis, caresse amoureuse, confidences verbales confiées à un « psy » ou à une soignante de nuit, soin technique ou toucher de réconfort : autant de circonstances qui ne renvoient pas aux mêmes attentes, ce qui fait qu’un même acte de communication peut prendre des valeurs tout à fait différentes.
La conscience du cadre est donc essentielle pour découvrir un être-ensemble de qualité, une présence partagée qui sonne juste, au service de la liberté de chaque sujet.

Rêve d’ange heureux

Par Paolo Doss (Clown professionnel en milieu hospitalier. Formateur. Auteur. Comédien)

Son intervention se déroule en deux temps : la première partie, avec un condensé de spectacle où le clown propose son imaginaire et son originalité, servira à savourer en direct des moments de joie et d’émotion en lien étroit avec le prendre soin par et pour le corps et l’esprit. Une invitation à oser se laisser toucher !
Dans la deuxième partie seront exposés les différents aspects de sa pratique dans l’adaptation du jeu clownesque et théâtral en milieu hospitalier et de soins. Comment arriver à la fois à toucher et à garder la bonne distance envers le patient, sa famille et le personnel soignant ? Comment, malgré l’angoisse et la maladie, au travers d’une rencontre authentique et personnalisée, permettre à l’enfant malade ou à la personne démente ou atteinte de la maladie d’Alzheimer, de retrouver un espace de liberté où il peut à nouveau rêver, dans le plaisir et le respect ?

Itinéraire d’une massothérapeute

Par Sylvie Lepage (Directrice pédagogique d’Arborescence – Québec)

Programme de formation et de perfectionnement en Accompagnement par la Massothérapie pour les personnes atteintes de cancer ou maladie dégénérative à issue fatale au Québec.

Ses objectifs de présentation sont de vous entretenir sur :

  • Le contexte Québécois de la profession de massothérapeute.
  • La création d’Arborescence, école de perfectionnement pour les massothérapeutes qui souhaitent travailler avec les personnes atteintes de cancer ou en fin de vie.
  • Présentation des histoires de Michèle, Nicole, Anaïs, Guylaine, Suzanne ou Daniel. Comment le massage s’est inscrit dans le processus de la maladie, ce que cela leur a apporté, ce qu’ils en ont dit.
  • A travers ces histoires, nous ferons le tour de la création et du développement d’un réseau de stages dans les milieux institutionnels hospitalier ou communautaires (maisons de fin de vie ou hôtellerie réservée aux personnes atteintes et en traitement de radiothérapie, à domicile pour les familles d’enfant malades).
  • Les perspectives d’emploi des massothérapeutes qui ont suivi le perfectionnement, dans de tels milieux ou leur pratique privée.
  • Les difficultés rencontrées.
  • Les ouvertures qui se créent.

L’association Le Phare, une expérience unique

Par Julie Jobin (Massothérapeute, Formatrice – Québec)

L’accompagnement par le massage des enfants atteints de maladie dégénérative à l’issue fatale.

Dans le cadre d’un séjour de répit ou de soins de fin de vie au Phare Enfants et Familles : première maison de répit et de soins palliatifs du Québec. Pendant sa conférence, Julie Jobin vous présentera :

  • L’organisme Le Phare, Enfants et Famille, sa mission et les services offerts.
  • La dimension qu’un toucher présent, prend concrètement et de plus en plus dans la manière d’aborder les enfants du Phare ;
    Le service de massothérapie pour les enfants en répit ou en soins de fin de vie.
    L’accompagnement par le massage des familles des enfants en fin de vie.
    L’implantation d’un programme de formation sur l’accompagnement par un toucher présent offert au personnel soignant du Phare.
    Le coaching individuel offert aux employés pour l’intégration des compétences d’un toucher présent dans le travail avec les enfants atteints.
  • Finalement, Julie abordera la dimension des défis à relever dans le développement de l’implantation de ces programmes.

Mise en place et évolution du Toucher-massage dans un hôpital pédiatrique

Par Agnès Pasturel & Thierry Moreau (Infirmiers référents douleur, C.H. Robert Debré, Paris)

A l’initiative d’un soignant, cheminement d’une idée, de sa mise en place à sa pérennisation au service des patients, mais aussi au bénéfice des soignants.

Comment une idée, une motivation venue d’un soignant, a pu prendre forme au sein d’un hôpital, être diffusé et appliqué auprès de patients ?
Les différents aspects de la mise en place de la pratique du Toucher-massage seront abordés (les difficultés, les ressources), mais aussi sa pérénisation (pratique au quotidien, formation du personnel, bénéfice pour les patients, projets).

Synergie des thérapies à médiation sensorielle avec les psychothérapies

Par Laurence Bocket Mulliez (Cadre de santé, hôpital St-Vincent de Paul, Lille) et le professeur Vincent Dodin (Chef de service, hôpital St-Vincent de Paul, Lille)

Le rôle joué par le toucher au sein des prises en charge multimodales des nouvelles problématiques rencontrées chez l’adolescent, en particulier, les conduites addictives avec ou sans drogue.

Par le mystère de la procréation, nous recevons deux vies : la première est utérine et aquatique et la seconde est terrestre et aérienne.

La naissance est donc une métamorphose qui nécessite que le tout petit développe, à l’intérieur de lui, une « sécurité de base » supportée par une forme de conscience de soi forte et stable, sur laquelle il pourra s’appuyer tout au long de son parcours socio-affectif.

La qualité de cette sécurité interne dépendra aussi de la qualité des interactions corporelles et affectives tout au long du développement de l’enfant et lors de son adolescence.

Dans les nouvelles problématiques rencontrées chez l’adolescent, en particulier, des conduites addictives avec ou sans drogue, cette sécurité de base est défaillante chez le sujet et nécessite d’être restaurée par une prise en charge plurimodale où les thérapies à médiation sensorielle sont en synergie avec les psychothérapies.

Les soins corporels et esthétiques en santé mentale

Par Rolande Duboisset (C.H.S. Dun-sur-Auron – Formatrice)

Le Toucher-massage, en redonnant une valeur au corps, en restaurant l’image de soi, est une médiation qui aide le patient à verbaliser son ressenti.

Certaines pathologies, ou les difficultés liées à la maladie mentale, entraînent chez les patients des modifications profondes et douloureuses en ce qui concerne l’image de soi et l’image corporelle. Cette vision de soi, par la perte de l’élan vital qu’elle génère, devient un frein au processus de soins et à la participation au programme thérapeutique ou à la prise en charge globale.
Il y a donc lieu de restaurer chez ces personnes la perception d’une image positive et gratifiante. En ce sens, les soins esthétiques peuvent être un moyen de réhabiliter l’image corporelle, de réinvestir le corps, mais aussi un médiateur d’accompagnement adapté à des objectifs posés, ils servent de prétexte pour rentrer en relation avec la personne en difficulté.
Le toucher a une grande place dans cet espace. Il peut redonner une valeur au corps et les soins esthétiques peuvent mettre en valeur le corps. C’est un soin à part entière qui requiert une grande technicité relationnelle. Soin maternant, il participe à bonifier l’image pour rendre le vécu plus acceptable, à restaurer le narcissisme en apportant une attention au corps, en aidant à verbaliser le ressenti pour consolider l’image de soi. C’est un soin d’accompagnement qui va du corporel au psychique : on porte une attention aux patients et une intention aux corps.
La personne perturbée a besoin d’intermédiaires qui lui serviront d’accompagnant ou de liens pour renouer à la vie, donner un sens à l’existence. Les soins esthétiques répondent à ce besoin fondamental : le contact avec l’autre où se croisent le regard, le toucher, l’odorat.

La place du massage dans la culture indienne

Par Janine Bharucha (Formatrice – Auteur)

Au fil des congrès, nous vous invitons à un tour du monde des massages. Après le Sénégal, découvrons l’univers des massages en Inde !

C’est une pratique exercée au quotidien et en famille depuis la petite enfance.
Il est connu en France que les bébés sont souvent massés en Inde, notamment grâce au joli livre de Frédéric Leboyer « Shantala ». Mais peu de gens savent que les enfants sont mis à contribution pour masser tous les autres membres de la famille, petits et grands…

Vivre la relation d’aide au coeur du soin

Par Rosette Poletti (Docteur en sciences infirmiers – Conférencière – Auteur – Suisse)

Tout «aidant» qui se respecte est préparé à la relation d’aide dans sa formation. Comment instaurer, habiter cette relation dans sa pratique, malgré les obstacles qui peuvent surgir, pour le plus grand bénéfice du patient/client et du soignant.

Le texte ci-dessous est extrait du site de Rosette Poletti : www.rosettepoletti.ch

« Infirmière en soins généraux et psychiatriques, je suis titulaire de deux «Master» en soins infirmiers, ainsi que d’un doctorat en Sciences de l’Education (Education des Adultes) de l’Université Columbia à New-York.

Diplômée de l’Institut des Ministères Féminins de la Faculté de Théologie de l’Université de Genève, j’ai ensuite suivi les formations nécessaires à l’obtention du Certificat Européen de Psychothérapie et obtenu un droit de pratique dans le canton de Vaud.

Après avoir travaillé dans le domaine de la santé, de la formation (directrice d’école de soins infirmiers, d’école de cadres infirmiers), chargée de cours pendant 17 ans à l’Université de Genève (secteur formation des adultes), je suis actuellement responsable d’un centre de formation à l’accompagnement des personnes en difficulté (fin de vie, deuil, crises), chroniqueuse au Journal « Le Matin » (depuis 1987), j’y tiens une chronique hebdomadaire et réponds au courrier des lecteurs), formatrice d’adultes dans différents cadres, animatrice de retraites ou de groupes de développement personnel, conférencière et auteur d’une quinzaine de livres.

Toute ma vie a été centrée sur la promotion de l’autonomie, de l’éveil et de la dignité des personnes rencontrées dans les lieux où j’ai eu le plaisir de travailler, c’est encore mon objectif aujourd’hui. J’offre certaines prestations à des groupes en formation dans des centres ou institutions. D’autres prestations à tout public ».

Présentation et résultats de l’étude scientifique sur l’intérêt du massage de la main dans le soulagement des douleurs ostéo-articulaires chez la personne âgée.

Par Fatima Medjahed (Cadre de santé – Directeur de recherche) avec la participation de Michelle Fortez, Laurence Guilmont (A.S. – C.H. Chauny) et Jacqueline Thonet (Soiliance)

Le Toucher-massage, en redonnant une valeur au corps, en restaurant l’image de soi, est une médiation qui aide le patient à verbaliser son ressenti.

Certaines pathologies, ou les difficultés liées à la maladie mentale, entraînent chez les patients des modifications profondes et douloureuses en ce qui concerne l’image de soi et l’image corporelle.
Les douleurs ostéo-articulaires des personnes âgées sont fréquentes et majorent la crainte de la mobilisation, favorisent le repli et la régression. Elles résistent aux antalgiques dans un contexte de polymédication et de modification du métabolisme spécifiques à l’âge avancé. Des solutions non médicamenteuses se développent en France et le Toucher-massage en fait partie. C’est une approche globale qui favorise le bien-être, diminuant la douleur et stimulant la communication verbale et non verbale.
Aucune étude scientifique permettant d’évaluer l’efficacité du Toucher-massage n’a été menée en France malgré son développement depuis plus de vingt ans auprès d’une population diversifiée, et notamment les personnes âgées. Nous avons donc mené une étude prospective, mono-centrique, quantitative et qualitative, comparative intervention Toucher-massage versus aucune intervention, qui a été réalisée à l’hôpital de Chauny (Aisne) en 2011 au sein de l’EHPAD Fontenelle.
Son objectif principal a été d’évaluer l’efficacité du Toucher-massage sur les douleurs ostéo-articulaires des personnes âgées sur un échantillon de 60 personnes communicantes, résidant en EHPAD, quel que soit leur niveau de dépendance, de plus de 70 ans, atteintes de douleurs ostéo-articulaires chroniques et bénéficiant d’un traitement antalgique.

Le bien-être à l’hôpital : de la volonté à la réalisation

Par Anne-Virginie Laithier (IDE, C.H. Beaune) et Andrée Barbeillon (Cadre de santé, EHPAD, Beaune)

L’équipe Toucher-détente au centre hospitalier de Beaune : retour sur 20 années de pratique du Toucher-massage au service des patients et des soignants.

Le Toucher-Massage est entré aux Hospices Civils de Beaune il y a plus de 20 ans par la formation aux soignants. Depuis, des projets tournés vers les patients mais aussi vers tout le personnel de cette structure ont vu le jour. Actuellement deux équipes sont en place. Dans cet exposé, nous allons vous relater l’histoire de cette concrétisation.

Le Toucher-massage au coeur des soins… l’humanité au creux des mains.

Par Nathalie Nicolas (IDE, C.H. Moulins)

C’est le fruit d’une étude menée auprès d’une centaine de soignants, «  j’ai le sentiment d’avoir prodigué un moment de bien-être car souvent le regard de l’autre est adouci… d’avoir apporté un réconfort, d’avoir été présent… c’est une satisfaction personnelle et professionnelle… » autant de mots qui parlent comme les chiffres le font aussi dans cette étude.

La formation Toucher-massage est proposée aux soignants du Centre hospitalier Moulins Yseure depuis une dizaine d’années. C’est une formation institutionnelle, plus de 400 personnes ont déjà suivi une initiation d’au moins 4 jours.
Une étude interne a été menée au printemps 2011 auprès de 100 personnes initiées sous forme de questionnaire. Son but est d’objectiver cette activité comme partie intégrante du Soin Infirmier (confort et détente apportés aux patients, les moments privilégiés avec les personnes) et d’identifier les axes d’amélioration à envisager. Cette étude sociologique humaniste révèle le bien-être apporté aux personnes mais aussi le bien-être et la satisfaction des soignants dans la réalisation de ces soins de détente et de confort. Elle montre que le Toucher-massage favorise des soins plus doux , plus proches, plus humains…