Soiliance Production

Le Toucher-massage® comme approche de communication
en soins palliatifs

Agnès Régnier est infirmière à l’hôpital du Jura en Suisse, dans une unité de soins palliatifs. Son poste de « spécialiste clinique en soins palliatifs » lui permet de pratiquer tous les jours le Toucher-massage®.
Elle a témoigné de son expérience, lors du 8e Congrès de 2018 qui avait pour thématique  » Le cœur entre les mains « .
 

Agnès a la chance d’être dans une unité de soins qui veille à la personne dans sa globalité, ce qui lui permet de réaliser au quotidien des toilettes ou des soins de confort, le Toucher-massage est donc intégralement intégré à sa pratique d’accompagnement. Agnès nous témoigne de son expérience.
À noter, en dehors de son activité hospitalière, Agnès a entrepris un exercice en libéral (micro-entrepreneur) comme Praticienne de massage bien-être®, ce qui lui permet de côtoyer des personnes présentant une maladie grave, invalidante, des personnes présentant des troubles cognitifs tels la maladie d’Alzheimer, et également des personnes en fin de vie à domicile.
« J’ai choisi de travailler en soins palliatifs après être passée de la réanimation à la psychiatrie, des soins intensifs à la gériatrie. Et puis, au cours de différentes formations dont une en soins palliatifs, j’ai découvert une nouvelle approche et ma vision du métier de soignante a changé.
En partant du savoir, du savoir-faire, j’ai découvert le savoir-être et par la suite le savoir « devenir ».
J’ai pris conscience que chaque personne est unique dans sa trajectoire de vie, qui évolue, change. Je m’implique avec respect et éthique en considérant la personne avec sa propre histoire et l’accompagne dans ce bout de chemin de retour à l’équilibre.

Je suis infirmière, mais à ce jour je ne me considère plus comme une soignante « Soi-niante », ni comme une « infirme-hier » qui sait et qui soigne, mais comme une personne qui accompagne, en acceptant de déposer son « pouvoir » de soignante et permettre à la personne de reprendre « sa vie en main ». D’aider cette personne à aller vers l’essentiel, à explorer ses propres ressources, je ne la vois donc plus comme une personne soignée (Soi-niée), mais comme une personne qui devient actrice de sa vie…
Je m’appuie entre autre sur une philosophie qui considère la personne comme un être humain en devenir « l’être humain devenant » (la philosophie de Rosemarie Rizzo Parse).
C’est avant tout une relation d’accompagnement, en étant à l’écoute de la personne, en la considérant comme unique, indivisible, vivant de paradoxe en paradoxe, et pleine de ressources.
C’est voir, accepter et respecter la personne dans sa globalité et sa singularité, sans jugement de valeur, c’est l’accompagner dans un cheminement de développement spirituel dans l’objectif de lui permettre de devenir ou re-devenir actrice de sa vie.
Mais c’est aussi être dans le ressenti, par le Toucher-massage, le toucher intuitif, toucher énergétique, tout en lui permettant de re-ssentir son corps et de laisser aller ses émotions, ses mots et ses maux…
Le toucher en soins palliatifs est une magnifique porte d’entrée, il me permet d’aller à l’essentiel, car la personne va s’ouvrir et oser parler de sa finitude, et de là je vais accepter d’être témoin de ce qui va se passer, de ce que la personne va vivre…
La formation de Toucher-massage m’a apporté une nouvelle approche vis-à-vis des personnes. Une approche humaniste, où je me rends compte que le toucher n’est pas si anodin, mais qu’au contraire il est un des sens le plus important (avec l’olfaction peut être) pour toucher l’Âme de la personne.
Il peut être libérateur et révélateur, selon l’intention du masseur qui donne sans rien attendre en retour, si ce n’est de un « Amour inconditionnel ».
Il permet à la personne un « éveil » de ses besoins, de ces ressentis, de ces émotions…
Cette formation a été un nouveau souffle de vie, une nouvelle vision de l‘être humain, dans ses joies, ses peines et ses faiblesses, elle m’a ouvert des portes dans la communication, la relation et l’authenticité pour entrer en lien avec l’être humain dans son « entièreté », afin de pouvoir être témoin de nombreux messages déposés face à la peur de la maladie, de la souffrance, de l’approche de la mort, face à la culpabilité de l’abandon de ses enfants, famille, proche. Et puis l’acquisition de ce savoir-faire m’a permis de vivre avec la personne massée une grande tendresse… surtout lorsque la vie s’enfuie, lors des grandes souffrances physiques ou psychologiques, lors de la peur qu’engendrent la rencontre de la mort et de l’après.
Elle m’a permis d’accompagner la personne dans la globalité de son être.
Enfin, elle m’a permis d’ouvrir mon cœur, d’accueillir l’autre et de pouvoir lui exprimer ma tendresse. »