Soiliance Production

Corps/Douleur : Marquer la douleur dans son corps

Catherine Rioult, est quelqu’un que nous connaissons bien. Infirmière en début d’activité professionnelle, formée à L’IFJS, elle a rejoint notre équipe de formateurs et a dispensé pendant plusieurs années l’enseignement du Toucher-massage(r) principalement auprès des soignants.

Passionnée par le corps, par la psychologie, Catherine a poursuivi, dans le même temps, des études universitaires jusqu’au doctorat en psychopathologie clinique à l’Université Paris VII. Catherine est aujourd’hui psychologue clinicienne et psychanalyste.

Elle exerce dans un C.M.P.P. (Centre Médico-Psycho-Pédagogique) en Picardie et en libéral à Paris.

Plutôt spécialisée auprès d’adolescents en souffrance, elle s’intéresse plus spécifiquement aux adolescents. Son livre « Ados : scarifications et guérison par l’écriture », nous parle du langage du corps via la scarification.

C’est à ce titre que nous l’avons invitée à notre congrès 2016, sa conférence : »Marquer la douleur dans son corps. », nous aide à mieux comprendre ce que ce signifie cette « inscription de la douleur; »

Catherine : « La scarification est une incision pratiquée sur la peau, qui provoque un écoulement de sang et laisse une trace irréversible.  

Dans le discours des adolescents qui se scarifient, les raisons le plus souvent invoquées sont « l’écoulement sanguin qui donne le sentiment d’exister » et « le soulagement provoquées par la coupure ». 

Qu’est-ce qui pousse un adolescent à s’entailler la peau avec un objet tranchant ?  

C’est un phénomène en nette augmentation depuis une dizaine d’années qui traduit le mal-être de certains adolescents et touche principalement les filles à partir de la puberté.  

C’est un moment particulièrement délicat où le corps est le lieu même sur lequel les changements pubertaires se donnent à voir. Cela engendre une véritable révolution où le corps se sexualise de même que la vie psychique et ses relations aux autres. L’adolescent se sent souvent impuissant face à cette métamorphose pubertaire.  

La peau est le réceptacle privilégié des marques de l’intimité et joue un rôle fondamental dans la dramaturgie sexuelle qui déborde l’adolescent. Elle le débusque et révèle sa vulnérabilité. 

Quel est le lien entre la peau et l’intimité de la vie psychique ? 

Comment comprendre cette inscription de la douleur dans le corps qui vient mettre fin à une autre douleur, intérieure, plus destructrice ? 

Que cherchent-ils à exprimer ?  

On peut dire que les scarifications sont une façon d’inscrire et de tracer sur la peau les contours d’une souffrance qui ne peut pas se dire autrement. 

En ce sens, la scarification serait une tentative douloureuse de construction psychique. 

Quelle approche thérapeutique leur proposer ?

Doit-elle passer par le corps ? 

A travers des vignettes cliniques, j’aborderai ce phénomène et proposerai des pistes de réflexion ainsi que des approches thérapeutiques. »